Verviers : carte de Hodimont
Projet « Hodimont en V.O. » par Des Images et Le CAP
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Nous avons tous des figures qui nous poursuivent, des hommes ou des femmes qui en nous précédant dessinent la possibilité de transmettre quelque chose : une vision, une manière de faire avec les autres, regarder le monde dans lequel l’on vit et y trouver une place acceptable.
Le geste cinématographique pourrait nous faire convoquer plusieurs cinéastes mais un seul nous vient à l’esprit, par la proximité géographique de son œuvre, par les questions qu’il a pu soulever, par ceux à qui il a choisi de s’adresser, par l’exigence et le désir, une manière de ne pas renoncer, et bien sûr, par l’emprunte durable de ses films et un compagnonnage certes bref. Cette figure-là, c’est le cinéaste belge Paul Meyer.
Un homme dont l’on parle peu dans ce pays, un film central, Déjà s’envole la fleur maigre en 1959, à peu près invisible et qui d’ailleurs n’a bénéficié d’une sortie en bonne et due forme que dans un autre pays, la France, et seulement 35 ans après sa réalisation. Pourtant, il a été salué par Henri Storck, père du cinéma belge. Pourtant, il a retenu l’attention en Europe et glané les prix dans les festivals de l’époque. Pourtant, il a été couronné par Cesare Zavattini, Rossellini, Antonioni, De Sica, Visconti lors du festival de Porreta Terme en 1960. Tout ça, c’est l’histoire.
Ce qui reste aujourd’hui, c’est une manière de vouloir rendre compte du réel qui ne se limite pas à dénombrer les conflits sociaux, les figures qui les portent et choisir le bon côté : les ouvriers. Paul Meyer a construit avec les simples gens, nuance. Il a travaillé cette pâte-là - les gens viennent avec ce qu’ils sont - pour que Déjà s’envole la fleur maigre ne se contente pas de raconter la simple chronique des mineurs italiens du Borinage mais atteigne à l’universel. Là où précisément tout disparaît : les hommes et la mine, tout parvient à renaître : l’enfance et les gestes.
Le geste cinématographique, c’est d’abord continuer ce que d’autres nous apprennent à travers leurs images. Transmettre à ceux qui nous lisent, nous fréquentent et d’abord transmettre qui était Paul Meyer, ce qu’il a fait et comment nous voudrions modestement poursuivre ce travail aujourd’hui.
Soyez curieux.
Emmanuel Massart